Plus de 50 participants de divers horizons sont venus aborder à nos côtés la question de l’illettrisme et l’illectronisme en Seine-Saint-Denis, le mercredi 13 septembre à la médiathèque Aimé Césaire de La Courneuve. 

Ce fut un plaisir pour LE POLE et ses équipes de coordonner une journée de réflexion, de travail et de co-construction avec les acteurs engagés dans la formation linguistique et l’inclusion numérique en Seine-Saint-Denis. Cette journée a été marquée par une action collective impliquant divers intervenants mobilisés pour faire face aux défis de l’illettrisme et de l’illectronisme.

Illettrisme et illectronisme : une mobilisation collective

Au cours de la matinée, avec les animations de nos partenaires associatifs, les présents ont participé à plusieurs ateliers portant sur différentes approches pour aborder l’illettrisme et l’illectronisme :

• Atelier plénière : Immersion en langue d’origine (animé par ASLC) : 

L’idée de cet atelier était d’inverser les rôles et mettre les professionnels dans la peau des apprenants. La langue choisie était le Tamul. Nous avons pu expérimenter dans nos smartphones sur une interface exclusivement en Tamul, les différentes difficultés auxquelles peuvent faire face les personnes que nous accompagnons dans l’apprentissage de la langue française. De plus, l’animateur, d’origine bengali, a animé tout l’atelier uniquement dans cette langue.

• Atelier plénière : La création de définitions du numérique (animé par Fable Lab) : 

L’objectif principal de cet atelier était de sensibiliser les participants quant à l’importance de la définition des mots lorsque nous sommes face à un public cumulant les freins linguistiques et numériques. Une définition qui doit nécessairement dépasser la simple énonciation du sens du mot, mais l’explorer dans toutes ses facettes. En s’appuyant sur des ressources graphiques nous pouvons imager et rendre plus simple des mots initialement difficiles à comprendre pour les publics.

Atelier 1 : Associer une compétence numérique à une situation du quotidien – ASLC

Si le numérique traverse notre quotidien de manière systémique, les référentiels de formation aux compétences numériques de base demeurent axés sur les compétences technico-opérationnelles. Les participants à l’atelier ont pu recenser et mettre en lumière différentes manières de travailler les compétences numériques en lien avec les pratiques quotidiennes des publics. Prendre un RDV médical, réaliser des achats en ligne, réaliser des démarches administratives en ligne… étaient parmi les sujets traités.

Cette approche, en plus de capter l’intérêt de l’apprenant puisqu’elle part de ses propres réalités, permet aussi un transfert de compétences.

Atelier 2 : Accompagner le transfert des compétences du smartphone à l’ordinateur – PIMMS Médiation

Le smartphone et l’ordinateur présentent chacun leurs avantages et limites, c’est pourquoi il est important d’en être conscient lors d’un accompagnement. Nous associons souvent la compétence numérique à l’utilisation de l’ordinateur de bureau. Or, cet objet demeure opaque et peu accessible pour nombre de personnes. En même temps, la maîtrise du Smartphone est beaucoup plus avancée chez ces mêmes personnes, pour qui l’objet smartphone est à la fois accessible et ludique à utiliser. Il permet aussi de répondre à certaines tâches du quotidien. Partir de ce que l’apprenant est à l’aise avec, et maîtrise déjà, permet de déconstruire cette peur du numérique. Ainsi, l’apprentissage est plus fluide et efficient.

Atelier 3 : Le rôle du design des interfaces dans la lutte contre l’illectronisme – LE POLE

Si l’inclusion numérique est une question d’équipements et de compétences, elle est aussi intimement liée à l’accessibilité des interfaces présentées aux utilisateurs. Des idées porteuses comme le travail sur la hiérarchisation des informations selon le besoin des usagers, l’importance des iconographies, l’écriture en FALC.. ont émergé de cet atelier. 

Atelier 4 : Le pouvoir des images pour lutter contre l’illectronisme – Fable Lab

Pour des publics en difficulté d’écriture et de lecture, la montée en compétences numériques peut être grandement facilitée en s’appuyant sur des pictogrammes simplifiés et intuitifs. Dans le cadre de l’atelier, les participants ont travaillé sur la création de pictogrammes composés d’une triptyque : le mot en question (exemple « Spam ») ; un picto (exemple « enveloppe avec tête de mort ») ; une définition accessible (exemple « à ne pas ouvrir »).

Après le déjeuner, lors de la seconde partie de la journée, nous avons entamé une session de restitution des conclusions tirées des ateliers du matin. Les groupes ont partagé leurs réflexions avant d’engager un débat plus large. 

Illettrisme et illectronisme : deux enjeux complémentaires

De 15 heures à 17 heures, place à la conférence débat. Le thème à l’ordre du jour était la convergence des efforts visant à atténuer les obstacles liés à l’illettrisme et à l’illectronisme. Les différents participants ont échangé des idées sur la manière d’améliorer la situation, que ce soit pour les bénéficiaires, les conseillers ou les organismes de formation. L’objectif était de mettre en lumière les réalités sur le terrain, les initiatives en cours et la créativité des acteurs engagés dans la lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme. 

Plusieurs idées phares ont émergé de nos discussions. Des idées porteuses sur lesquels nous continuerons de travailler collectivement :

• Le renforcement de l’effort de diagnostic des situations d’illettrisme sur le territoire, en s’appuyant sur le travail déjà entamé notamment au niveau des plateformes « apprendre le français » et « plat’in » déployés par le conseil départemental.
• La sensibilisation des acteurs de l’accompagnement, de la formation et de l’insertion pour l’identification et le repérage des situations d’illettrisme.
• La création d’une coopérative des solutions, soutenue par l’ANLCI, sur le territoire de la Seine-Saint-Denis

Pour ceux qui le souhaitent, nous vous proposons de revisionner la conférence via le lien suivant : https://youtu.be/C_c1PC6bTtc

Ainsi, les organismes de formation, les conseillers et les élus présents ont cherché à identifier les véritables causes de ces problèmes. Cela permet de proposer des solutions collectives et novatrices pour accompagner les personnes en situation d’illettrisme et d’illectronisme. 

Cette journée marque le début d’un important effort collectif visant à relever les défis liés à la lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme.  

Nous adressons nos sincères remerciements à tous ceux qui ont participé à cette journée : les conseillers, les formateurs, les entreprises, les organismes de formation, l’équipe nationale de l’ANLCI , de Plaine Commune, du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis , ainsi que nos précieux partenaires, l’ASCL, FABLE LAB, et PIMMS.  

Une mention spéciale revient à toute l’équipe du POLE pour leur contribution précieuse.